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matin-là dans le Transîlien de Colombes à Saint-Lazare. Elle
était assise en face de lui, un livre à la main. Elle portait une veste de
costume relax, une chemise cintrée et un pantalon noir qui laissait voir ses chevilles nues
au-dessus de ses escarpins à talons plat. Baissant les yeux pour ne pas paraître insistant,
il ne pouvait échapper à ces deux petits bout de peau, doux comme un secret. Dehors, ce
n’était plus la nuit. Ce n’était pas encore le jour non plus. Il chercha son visage dans le
reflet de la vitre du train. Elle souriait en lisant, pouffait parfois en se mordant les lèvres.
Il lut à l’envers le titre inscrit sur la couverture du livre : « Les hommes viennent de Mars
et les femmes de Venus. » Il lui sembla qu’il y avait une éternité qu’il n’avait pas regardé
une femme, qu’elle était la première, la seule, l’unique, la passante qu’il ne faut en aucun
cas laisser passer.
I
Il allait engager la conversation, c’était facile, il suffisait de sourire et de lui
demander ce quelle lisait :
« Excusez-moi, ça l’air très drôle. Ca parle de quoi ? »
1
Il allait engager la conversation quand le train passa sous un tunnel. Son propre
reflet apparut dans la vitre. Catastrophe... C’était le visage d’un homme marqué par
le temps, avec des rides au front, des rides aux commissures des lèvres, des rides au bord
des yeux, un homme mur aux cheveux raréfiés. Les Hommes viennent de Mars et les
femmes de Venus. Il eut le sentiment d’être d’une autre planète et ravala sa question.
a journée passa morose en occupations inutiles et routinière. « Je perds
mon temps, se disait l’homme. Il y a des années que je perds mon
temps. » L’idée lui vint alors de le retrouver. Le temps, pensa-t-il, c’est comme les kilos.
Avant de le récupérer, il faut savoir comment on l’a perdu. Sur une grande feuille de
papier, il nota qu’il avait perdu son temps dès l’école, chez monsieur Machard le
professeur de mathématiques, à l’armée aux ordres de l’adjudant Croutard, à l’université
dans le café du Père Broutard, aux établissements Dussiflard, à la société Miramar, à la
compagnie de Zanzibar et même en vacances sur la plage des Lézards. Il avait perdu de
précieuses heures devant la télé, au ciné et dans les tramways, dans les embouteillages du
périphérique, dans les queues du téléphérique, à l’hôpital avec une gastro-entérite. Il
ajouta à l’inventaire tous ceux qui lui avaient volé dix minutes par-ci, une demi-heure
par-là, les placiers, les banquiers, les guichetiers. La liste était si longue qu’il en emplit
plusieurs feuilles de papier. En face de chaque nom, il inscrivait des secondes, des
minutes, des heures et des années. Quand il fit le total, il avait perdu exactement vingt
ans. Les vingt années qui le séparaient de la belle lectrice du Transîlien.
Descriptions Physique :
Il est très baraqué il a des gros bras peut être utile et il est très romantique